Agroécologie et transition agroécologique
Nous considérons l’agroécologie comme une vision pouvant transformer toutes les formes actuelles d’agriculture et comme une inspiration sur les chemins pour y parvenir.
Elle impose de profonds changements dans la façon d’analyser, d’évaluer et de concevoir tant les pratiques agricoles que les systèmes de production et d’échange avec l’aval.
Elle implique l’abandon de solutions agronomiques standardisées et de court terme au profit de pratiques adaptées à leur environnement et aux personnes, qui intègrent des savoirs empiriques et qui sont inscrites dans le temps long des processus écologiques.
Face au changement climatique, face à l’inflation des matières premières et de l’énergie, face à l’effondrement de la biodiversité, face au chômage et à la précarité alimentaire, l’agroécologie et les valeurs de sobriété, de qualité, d’équité et de respect qu’elle véhicule s’impose comme une solution globale aux grands défis à venir. La Fondation Daniel et Nina Carasso est pleinement mobilisée sur ce sujet aux côtés de ses partenaires, la Fondation de France, le Réseau Civam, Trame, la FADEAR et le réseau des CUMA.
Lors des 4e Rencontres de l’alimentation durable, nous avons exploré divers sujets relatifs à la transition agroécologique :
Alors que la loi d’orientation agricole est au programme des discussions de l’année 2023, quels choix sociétaux revêt-elle ? L’agroécologie a-t-elle quelque chose à attendre, ou à redouter, des technologies numériques qui déferlent sur ce secteur comme tant d’autres ? Comment l’agroécologie peut-elle se voir reconnaître, y compris en termes économiques, les services publics qu’elle procure ? Peut-elle être un support pour gérer nos biens communs, les sols, l’eau, le vivant etc. ?
Retrouver le bilan des 4e Rencontres de l’alimentation durable ›
Que fait la Fondation Daniel et Nina Carasso dans le programme agroécologie ?
Nous accompagnons la transition agroécologique à travers plusieurs leviers : nous soutenons notamment les échanges et le partage d’expérience entre agriculteurs afin de diffuser des pratiques agroécologiques partout en France.
Nous finançons par exemple la cinquantaine de vignerons adhérents de Chemin cueillant, qui expérimentent depuis plusieurs années des pratiques agroécologiques. Face au changement climatique, un nombre croissant de vignerons alentours, dans le Minervois ou à St Chinian, sollicite l’association. Chemin cueillant leur propose des formations, des visites terrain, des accompagnements au changement de pratique, adaptées au réchauffement.
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Nous investissons également dans des fermes agroécologiques comme les Coteaux nantais, productrice et transformatrice de fruits biologiques.
› Découvrez les Coteaux nantais
Nous accompagnons enfin le développement de circuits courts via par exemple notre partenaire Open Food France, qui propose des outils de commercialisation et de gestion logistique aux agriculteurs.
› En savoir plus sur Open Food France
Enfin nous nous coordonnons avec d’autres fondations partageant notre ambition d’un changement d’échelle de l’agroécologie au niveau européen dans l’European Foundations for Sustainable Agriculture and Food (EFSAF) groupe thématique du réseau philanthropique européen Philea.
› En savoir plus sur l’EFSAF
3 questions à Guilhem Soutou, Responsable de l’axe Alimentation Durable · Fondation Daniel et Nina Carasso
Interview réalisée en juin 2023
La 4e édition des Rencontres va accorder une place importante à l’agroécologie. Pourquoi avoir choisi de mettre ce sujet à l’agenda ?
L’agroécologie, après avoir longtemps été considérée comme “idéologique”, fait aujourd’hui consensus au sein de la communauté des acteurs progressistes. Elle ne doit pas cliver, mais au contraire permettre d’améliorer toutes les formes actuelles d’agriculture. Elle impose ainsi de profonds changements dans la façon d’analyser, d’évaluer et de concevoir tant les pratiques agricoles que les systèmes de production et d’échange avec l’aval. Ces changements se préparent et s’accompagnent. Les Rencontres de l’alimentation durable participent à ce changement de paradigme agricole.
Quels sont les actualités ou sujets qui vous mobilisent particulièrement ?
Alors que l’Etat s’apprête à réviser la loi d’orientation agricole (LOA), de multiples acteurs se positionnent sur l’enjeu de l’installation. Comment l’agroécologie va-t-elle être prise en compte ? Comment transformer la menace d’une industrialisation massive de l’agriculture en opportunité au service d’une transition juste et agroécologique ? De nombreuses questions relatives à l’installation – taille, forme, potentiel de développement, enjeux de transmission – mais aussi celles de la pénibilité, l’attractivité du métier, la rémunération doivent être soulevées : au-delà de l’installation, comment la LOA permet-elle ou non la transition juste et agroécologique ?
Par ailleurs, dans un contexte où le numérique est massivement utilisé en aval et intègre progressivement le secteur de la production, comment ces nouvelles technologies peuvent-elles être mises au service d’une transition juste et agroécologique ? Comment peuvent-elles répondre à des besoins ? Quels dangers recèlent elles ?
Ce sont autant de questions d’actualités qu’il nous semble crucial d’aborder avec l’ensemble des parties-prenantes de la transformation de nos systèmes agricoles et alimentaires. Toutes appellent notre vigilance, d’autant plus qu’elles peuvent avoir des impacts très diffus, sur le développement des territoires et en matière de justice sociale notamment.
Quels sont ces liens que vous désignez ? Pourquoi vouloir connecter agroécologie et territoire, agroécologie et démocratie alimentaire ?
La transition agroécologique bute entre autres sur le prix généralement plus élevé des produits par rapport à leur homologue conventionnel. Les prix aujourd’hui pratiqués ne reflètent pas les coûts réels de fabrication. Dans un contexte économique et social qui fait craindre d’importants reculs en matière d’alimentation, nous devons collectivement nous interroger. Comment mieux valoriser le modèle économique de l’agroécologie ? Une intégration des coûts / bénéfices cachés dans le prix serait-il à même de permettre un changement d’échelle et une massification de l’agroécologie ?
La question de la gouvernance de l’agriculture est au cœur de l’ensemble des sujets. En effet, les structures juridiques, financières, décisionnelles, orientées court terme et rentabilité, ne sont pas adaptées à la transition juste et agroécologique. Comment gérer collectivement, à l’échelle d’un territoire par exemple, les compromis entre les objectifs productifs de l’agriculture et la durabilité des biens communs comme les ressources, les sols et le vivant ? C’est de démocratie alimentaire qu’il faut ici se soucier, à la lumière des initiatives qui se multiplient et peuvent nous inspirer au cœur des territoires mais aussi à plus grande échelle.
Transition agroécologique et transformation des systèmes agricoles : pour aller plus loin
Découvrez également nos autres axes et thématiques en faveur de la transformation des systèmes agricoles et alimentaires : la démocratie alimentaire, les territoires.
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Vous souhaitez en savoir plus sur les sujets abordés lors des dernières Rencontres ?
Découvrez :
> le bilan de la 4e édition des Rencontres de l’alimentation durable (2023)
> le replay des plénières de l’événement du 10 octobre 2023
> l’édito de la Fondation Daniel et Nina Carasso, par Marine Nahmias et Benoît Mounier, qui posent le contexte particulier de la 4e édition
Retrouvez également les bilans des précédentes Rencontres qui réunissent tous les deux ans depuis 2016 la communauté des acteurs de l’alimentation durable.